Je suis venu pour qu’ils aient la vie

« Je suis venu pour qu’ils aient la vie,

Et la vie en abondance» >10, 10)

 Je travaille depuis 15 ans en primaire dans l’ensei­gnement spécialisé, avec différents types d’enfants sourds, caractériels, infirmes moteurs cérébraux. J’y rencontre des silences où se vivent des choses très denses et profondes. Douloureuses parfois. Silences clos ? Vides ? Stériles ?

Je vous en partage quelques traces

Thomas est un enfant sourd de naissance. Il a déve­loppé un sens de l’observation très affiné. Il perçoit de manière accrue l’émotion de l’autre. Lors des mises en scène bibliques, il saisit le tempérament et l’état inté­rieur du personnage, et le joue pleinement avec autant de présence et de précision qu’un acteur, en ajoutant sa touche personnelle.

 Cindy, une élève caractérielle, grande, forte, n’arrivait pas à se dire. Submergée par son émotion, elle ne s’est pas inhibée. Elle a sorti sa colère de manière explosive. Elle a jeté son plumier à terre, tapé du poing sur son banc, … pour me dire enfin que la maman d’une autre élève souffrait d’un cancer. Nous avons prié pour cette maman, nous lui avons écrit une carte que Cindy a transmise avec soin.

 Charlène, infirme moteur cérébrale, disait tout avec ses yeux. Un jour, je parlais de l’accueil de Jésus envers les enfants. Cabrée dans son trotteur, elle s’est déplacée vers moi. Elle a posé son bras tendu sur mon épaule et sa tête contre la mienne. Son regard était intense.

 Luc ne se sent pas compris dans sa famille. Il se tourne vers les autres pour les aider, et il prend volontiers leur défense, un peu comme un grand frère.

Lucie a une maladie dégénérative. Je pense qu’elle en a conscience. Au cours de la prière, chaque enfant a l’oc­casion de s’exprimer. Elle entre dans un silence dans lequel elle se présente à Dieu telle qu’elle est, avant de Lui dire : Bonjour Dieu, c’est moi, Lucie.

 En rencontrant ces enfants, je suis émerveillée de voir la puissance de la vie. Dans le silence de la souffrance, du handicap, elle creuse un autre passage, plus pro­fond, et rejaillir cri eux sous une forme nouvelle pour se répandre autour d’eux.

 PS : les prénoms des enfants ont été changés.

Célébration liturgique en langues des signes à la paroisse Ste Famille à Woluwé-Saint-Lambert

 Cécile Bouhy, maître spécial de religion et membre de l’équipe Signes de Foi

Article paru dans le journal Pastoralia N°3 de mars 2012.

Email : p.francois@swing.be

            site: www.signesdefoi.be

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